La chasse

La chasse

L’une des activités humaines tuant le plus d’animaux non-humains est la chasse. Il n’existe aucune statistique sur le nombre d’animaux tués par des chasseurs. Cependant, nous savons qu’aux États-Unis, ce sont plus de 13 millions de personnes âgées de 16 ans ou plus qui sont déclarées comme chasseurs1. Si chaque chasseur tuait seulement un animal par an, le taux de morts s’élèverait à des dizaines de millions d’animaux tués. Dans l’état actuel des choses, les chasseurs ne tuent pas un, mais plusieurs animaux chaque année, et par conséquent, le véritable nombre d’animaux morts dans le monde entier se trouverait dans les centaines de millions, si ce n’est pas milliards2.

Certaines personnes critiquent la chasse du fait que cette dernière fait des centaines de victimes humaines (tuées ou blessées) dans le monde entier chaque année. Certaines des victimes sont elles-mêmes des chasseurs, pendant que d’autres sont de simples promeneurs. Cependant, si nous rejetons le spécisme ou que nous prenons juste en compte les intérêts des animaux, nous n’avons besoin d’aucune de ces raisons pour nous opposer à la chasse. Il faut juste souligner que cette pratique fait souffrir de nombreux animaux non-humains de diverses façons.

Que des chasseurs essaient de justifier leurs massacres en parlant des victimes humaines tuées par des animaux sauvages, ou en utilisant des approches conservationistes, ou encore en revendiquant qu’il est acceptable de chasser des animaux s’ils sont mangés ensuite, ou bien simplement parce que cette pratique leur fait plaisir, le fait est que la chasse est une pratique qui n’est moralement pas acceptable si nous prenons en compte les intérêts des animaux non-humains. Les animaux chassés doivent endurer la peur et la douleur et sont privés de leurs vies. Comprendre les injustices provoquées par le spécisme et les intérêts des animaux non-humains indique clairement que le plaisir humain ne peut pas justifier la souffrance des animaux non-humains.

Différentes manières de chasser

Un large éventail d’animaux sont tués à cause de la chasse. Les chasseurs tuent pratiquement tout type de grands animaux dans ce qui s’appelle « la chasse au gros gibier ». Parmi les victimes, il y a des animaux tels que les éléphants, les ours, les rhinocéros et les lions. Il y a d’autres formes de « chasse au trophée » qui ciblent les petits oiseaux et les mammifères. De nos jours, les chasseurs tuent généralement les animaux avec des fusils, bien que dans certains pays, il est de tradition de chasser certains animaux avec des chiens, qui n’aident pas à seulement à attraper la proie, mais aussi à la tuer. Dans d’autres cas, les victimes sont chassées avec des arcs et des flèches, ou même des lances.

Les chasseurs tuent les animaux se trouvant dans la campagne près de là où ces premiers vivent, ou bien voyagent jusqu’aux endroits dans lesquels vivent des animaux différents. Dans d’autres cas, les chasseurs se rendent sur des terrains privés et paient les propriétaires pour chasser sur leur propriété. Dans certains élevages, des animaux sont conservés pour les chasseurs qui paient pour les tuer. Dans ce dernier cas, on parle de chasse captive ou de « chasse close ». Les animaux conservés dans des propriétés privées sont parfois achetés dans des magasins spécialisés, bien que dans la plupart des cas, ils sont rachetés à des cirques lorsque les animaux sont trop vieux et incapables de réaliser leurs tours, ou bien à des zoos, ou à d’autres spectacles exploitant des animaux. Ces animaux, qui sont souvent apprivoisés et habitués à être en présence d’humains, peuvent être des proies très faciles à tuer.

La chasse arrive aussi lors de safaris. Ces chasses coûtent cher ; les clients peuvent chasser pendant plusieurs jours, durant lesquels ils sont accompagnés par des chasseurs professionnels, ainsi que des guides et des porteurs. Les chasses de safaris ciblent les animaux rares et exotiques.

En 2005, une polémique est apparue lorsqu’une entreprise web a annoncé fournir un service de chasse en ligne, qui permettait aux clients de tuer des animaux à travers l’utilisation de webcams et d’armes contrôlées à distance. Cette façon de tuer des animaux, appelée « chasse sur Internet », reste légale dans certaines zones malgré d’importantes critiques3.

Certaines formes de chasse sont considérées comme traditionnelles du fait que les communautés les utilisant chassent des animaux depuis longtemps, même si les méthodes utilisées pour capturer et tuer les animaux ne sont plus traditionnelles (comme c’est le cas en Amérique du Nord avec le peuple Makah qui chasse des baleines avec des bateaux à moteur et des fusils). Les animaux, qu’ils soient tués par moyens traditionnels ou modernes, souffrent et meurent dans tous les cas.

Alors qu’il y a des formes de chasse qui ont lieu de manière légale, il y en a d’autres qui sont illégales. Les personnes qui chassent de façon illégale sont appelées des braconniers. Ils le font par plaisir ou pour des raisons économiques. Dans certains pays, les braconniers peuvent tuer autant d’animaux que les chasseurs légaux. Les braconniers sont ridiculisés par les chasseurs qui tuent des animaux de forme légale. Cependant, cela ne fait aucune différence que la mort et la souffrance des animaux soit légale ou non. Si nous prenons intégralement en compte les intérêts des animaux non-humains, nous devrions nous opposer à toute forme de tuerie, légale et illégale. Les deux provoquent les mêmes souffrances et dans ce contexte, sont identiques.

Conservationnisme et chasse

Un des arguments utilisés pour légitimer la chasse est d’invoquer que ce que les chasseurs font aux animaux, ces derniers se le font entre eux. Pour contrer cet argument, on peut indiquer que les prédateurs non-humains ne peuvent pas réfléchir à leurs actions, contrairement aux chasseurs humains. Mais le point à retenir est qu’il est vrai que dans la nature, il y a beaucoup de souffrance pour des raisons naturelles, mais au lieu d’augmenter cette souffrance, nous devrions plutôt la réduire dès que possible. Le fait que les animaux souffrent déjà de plusieurs façons ne devrait pas représenter une raison ou une excuse pour les faire souffrir encore plus. À la place, nous devrions plutôt essayer de les aider.

Dans d’autres cas, il est avancé que la chasse est nécessaire à la régulation des populations animales dans la nature. Cette revendication est basée sur l’idée que les animaux non-humains ne comptent que comme des chiffres ou des éléments dans l’environnement4. C’est un point de vue conservateur qui donne davantage de valeur à la conservation de l’environnement plutôt qu’à l’individualité des êtres sentients. Ce que cette position ne prend pas en compte est que les écosystèmes ne peuvent souffrir, à l’inverse des animaux. Cette position conservatrice et classique a été adoptée par WWF, Sierra Club, National Wildlife Federation, la Société nationale Audubon, Wilderness Society, Wildlife Legislative Fund of America, North American Wildlife Foundation et beaucoup d’autres organisations conservatrices. Il y a beaucoup d’organisations écologistes qui rejettent certaines formes de chasse mais qui vont tout de même en défendre d’autres sous prétexte que ces dernières sont traditionnelles ou considérées comme nécessaires pour « contrôler » certaines populations animales. On peut retrouver dans ces organisations Greenpeace ainsi qu’un large éventail de partis écologistes de différents pays.

Ces points de vue sont spécistes. C’est-à-dire qu’ils sont biaisés contre les animaux, puisque ce n’est pas l’attitude conservée à l’encontre des êtres humains. Les humains ne sont jamais tués afin de préserver un écosystème. Les écosystèmes ne sont pas sentients : cela veut dire qu’ils ne peuvent pas ressentir de douleur et ne sont importants que dans la mesure où ils améliorent ou empirent les vies des animaux sensibles. Les animaux non-humains sont des créatures sensibles. Un impératif moral devrait être donné aux animaux avant d’être donné aux écosystèmes, de la même manière que les humains priment sur les écosystèmes. C’est pour cela qu’utiliser l’argument de la chasse comme conservation d’un écosystème en particulier n’est pas une raison légitime pour tuer des animaux.

Vu la façon dont les dynamiques démographiques fonctionnent, tuer des animaux afin de réguler la taille de leur population est problématique, voir contradictoire. Selon les modèles proie-prédateur étudiés par les équations de Lotka-Volterra5, lorsqu’une population animale donnée est réduite de cette façon, cette réduction ne peut être que temporaire, puisque la population des proies augmente rapidement dès que l’espèce prédatrice baisse ou est entièrement supprimée, et ce à condition que les proies disposent de ressources adéquates. Cela veut dire que la population des animaux ne baisse jamais vraiment d’une façon stable. En fait, la seule façon de garantir que le taux de population ne va pas continuer à remonter vers son taux originel est de le décimer au-dessus du niveau auquel il peut survivre. Les chasseurs ont conscience de cela et ils revendiquent que les massacres doivent avoir lieu régulièrement et sur une courbe permanente, comme si les animaux étaient de l’herbe qu’il fallait régulièrement tondre. Sous l’étiquette de « gestion cynégétique », différentes agences écologistes encouragent l’élevage de certains animaux, afin d’en tirer un bénéfice de la part des chasseurs qui paient pour les tuer.

Dans certains cas, les animaux sont introduits dans de nouveaux environnements dans le but explicite d’être chassés. Les animaux qui sont transportés depuis certaines zones jusqu’à d’autres transmettent couramment des maladies aux autres populations animales. Les animaux venant de milieux étrangers peuvent être porteurs de maladies et d’immunités que les animaux locaux n’ont pas. Un exemple de ceci est la maladie débilitante chronique (une maladie neurologique sérieuse) qui s’est proliférée en Amérique du Nord parmi les cerfs et les élans locaux lorsque des cerfs et des élans élevés en captivité ont été transportés dans des endroits différents. Non seulement les populations nouvelles et anciennes souffrent de ces nouvelles maladies, mais les animaux qui ont été transportés sont également susceptibles à une extermination de masse si leur espèce est ensuite déclarée comme exotique et envahissante.

Certains animaux, comme les rongeurs, les renards et les sangliers sont chassés et tués simplement parce qu’ils sont considérés comme des animaux « nuisibles ». Leur appellation comme « nuisible » est subjective : ils sont appelés ainsi parce que leurs intérêts (souvent des intérêts vitaux) entrent en conflit avec les intérêts des humains, qui sont d’ailleurs plutôt insignifiants6.

La façon dont les animaux souffrent de la chasse

Les animaux tués par les chasseurs sont privés de leurs vies, et, par conséquent, de tout possible plaisir futur. En plus de perdre leurs vies, les victimes de la chasse souffrent de la peur et du stress pendant la poursuite, et celles qui survivent sont souvent blessées. Parfois, les victimes sont des parents qui ont des petits encore dépendants d’eux, et leurs enfants sont aussi condamnés à mourir, de faim, à petit feu.

Les animaux qui souffrent pendant la chasse

Les animaux chassés, par exemple les cerfs, souffrent énormément de stress et sont obligés de subir des conditions qui sont bien loin de leurs limites normales. Lorsqu’ils sont pris en chasse, les cerfs courent aussi vite possible et jusqu’à l’épuisement.7 Ils agissent ainsi par peur, et ce sentiment augmente au fur et à mesure qu’ils prennent conscience qu’ils n’arriveront pas à s’enfuir. Ils souffrent de terreur psychologique jusqu’à ce qu’ils meurent.

La peur de la mort est un sentiment horrible. La plupart d’entre nous ont accepté que la mort est quelque chose d’inévitable. Cependant, nous n’avons pas à nous fier uniquement à la sagesse et à notre instinct. Il s’agit de quelque chose qui a également été évalué scientifiquement. Des scientifiques ont identifié des indicateurs de stress chez les animaux et les ont utilisés afin d’étudier les niveaux de stress subis par les êtres ongulés dans la nature.

L’un de ces indicateurs est représenté par le niveau des hormones du stress (comme le cortisol)8. Des concentrations élevées de cortisol ont été trouvées dans les animaux chassés, indiquant un important stress physiologique et psychologique. Dans une étude, le cortisol chez les cerfs chassés était à des niveaux plus élevés que l’on ait jamais observé auparavant chez les cerfs, même après de l’exercice intense. Ces niveaux sont extrêmement difficiles à expliquer si nous ne concluons pas que c’est la conséquence d’un stress psychologique très important9. Parmi les autres indicateurs se trouvent : les lésions musculaires, les dégradations des globules rouges et l’épuisement du glycogène qui se transforme en glucose pour le bon fonctionnement des muscles10.

Les scientifiques sont de l’avis général que les cerfs souffrent probablement de manière plus significative pendant les dernières étapes de la chasse, puisque ces derniers sont soumis à plusieurs reprises à des phases d’effort physique extrême et que leurs muscles finissent par leur faire défaut. En outre, la température élevée des corps des cerfs étudiés est consistente avec des niveaux de stress élevés, vu que la physiologie des cerfs n’est pas très adaptée à de longues périodes d’effort, mais plutôt à des courses courtes11.

Ces observations fournissent des preuves selon lesquelles les cerfs expérimentent du stress physique ainsi que psychologique. Pendant une chasse, les cerfs n’ont pas d’autre choix que de continuer à courir ; ils sont forcés à courir au-delà de leur capacité normale jusqu’à ce qu’ils n’en peuvent plus. La course des cerfs est stimulée par la peur de la capture et de la mort. Un résultat similaire a été observé chez d’autres animaux, comme les wapitis, les élans, et d’autres herbivores chassés par des chasseurs.

D’autres animaux plus petits souffrent tout autant lorsqu’ils sont chassés. Beaucoup de chasseurs, y compris les chasseurs de renards, affirment aimer les chiens. Ceci est paradoxal, puisque les renards sont semblables génétiquement aux chiens. Il y a des raisons de supposer que les deux espèces expérimentent la douleur et la souffrance de façon similaire.

Les renards peuvent être chassés jusqu’à l’épuisement, et peuvent être soumis à des blessures à plusieurs reprises avant de mourir. Les taux des blessures (au contraire de ceux de la mort) peuvent monter jusqu’à 48 % avec l’utilisation d’une carabine de chasse et jusqu’à 60% avec un fusil de chasse. Même les tireurs expérimentés peuvent manquer leurs cibles12. De plus, les renards souffrent également de manière significative lorsqu’ils sont chassés avec des chiens.

Quand ils sont chassés par des chiens de chasse, les renards essaient parfois de s’échapper en utilisant des voies souterraines. Un chien Terrier est souvent envoyé à la poursuite du renard pour le tenir à distance en attendant que les chasseurs déterrent ce dernier. Le renard, incapable de s’échapper, connaît des niveaux élevés de peur qui augmentent au fil du temps13.

Pendant qu’ils sont emprisonnés sous terre, des combats peuvent éclater entre les renards et les chiens. Les renards tués par des chiens de chasse souffrent d’un traumatisme profond, infligé par de multiples morsures de chiens14. Cette activité de lancer des chiens sur des renards est même devenue un vrai sport et est similaire aux combats de chiens. Ce n’est donc pas très cohérent de contester les combats de chiens et pourtant d’accepter la chasse aux renards.

Bien sûr, la souffrance n’est pas spécifique aux renards. D’autres prédateurs, comme les visons (un animal qui est traditionnellement chassé dans plusieurs pays), peuvent souffrir de manière importante lorsqu’ils sont chassés15.

De plus petits animaux, comme les lièvres et les lapins, sont chassés dans le monde entier. Dans certains pays, il existe certaines techniques traditionnelles pour les chasser. Dans les pays anglophones, il y a deux types de chasses au lièvre : la poursuite à vue et la course sur cynodrome. Dans le cas de poursuite à vue, il s’agit de simuler une chasse au lièvre. Les chiens sont lancés sur n’importe quel lièvre apparaissant devant eux. Dans les courses (ou racing), les lièvres sont utilisés sur un parcours de course.

Bien que le principal objectif de la course n’est ni la mort du lièvre ni de lui provoquer des blessures, cela arrive tout de même assez régulièrement. Les lièvres peuvent subir des blessures à la poitrine et à la nuque et des blessures abdominales desquelles ils peuvent mourir à petit feu. Les sociétés de course ont généralement une personne qui s’occupe de briser la nuque des lièvres qui sont blessés.

Les blessures entraînées chez ces animaux peuvent inclure des côtes et des membres brisés, des estomacs perforés et une hémorragie interne de plusieurs organes. Une étude a déterminé que dans un groupe de lièvres qui avaient été blessés, un peu moins de la moitié du groupe (43%) vivait encore avant que la personne les ramassant ne brise leur nuque. Environ 50% des lièvres étaient certainement morts à cause des blessures provoquées pendant l’évènement, ou après avoir été ramassés. Un seul lièvre avait assurément été tué par les chiens16.

Il y a différents chiffres concernant les morts de lièvres pendant les évènements de poursuite, durant lesquels les chiens prennent en chasse des lièvres relâchés devant eux. Un rapport indique que les morts peuvent monter jusqu’à 48%, même quand les chiens portent des muselières17.

Une étude réalisée par Irish Hare Initiative a observé l’impact de la myopathie (une maladie généralement mortelle qui provoque une insuffisance cardiaque, une limitation de la circulation sanguine dans le corps et une insuffisance hépatique) chez les lièvres après les poursuites à vue, et a découvert que cette condition est le résultat d’un état extrême de stress et de peur comme conséquence du fait d’être chassé, manipulé, transporté, ou capturé ; des expériences toutes plus stressantes les unes que les autres pour un lièvre sauvage18.

Pendant une course, immédiatement après que le lièvre soit lâché, il arrive que ce dernier s’arrête sur place, non pas parce qu’il « attend les chiens », comme le suggèrent certaines personnes, mais parce qu’il ne s’attend pas à être pris en chasse. À partir du moment où le lièvre est capturé pour être utilisé dans les poursuites jusqu’au moment où on le relâche, ses routes de fuite normales ne sont pas disponibles. C’est une situation très inhabituelle pour le lièvre19, et qui tend particulièrement à être stressante. En plus de cela, comme les cerfs, les lièvres se sont adaptés au besoin évolutif de faire des sprints à de grandes vitesses pendant des petites durées afin d’échapper aux prédateurs. Pendant une poursuite, les lièvres doivent courir pendant longtemps, ce qui provoque chez eux un stress prolongé20. Cependant, même si une situation aussi stressante était en fait normale pour les lièvres, cela ne devrait pas rendre justifiable de chercher à reproduire ce genre de situation de manière intentionnelle.

Les souffrances des animaux qui arrivent à s’échapper

Il arrive parfois que les chasseurs passent des heures à pister leurs victimes avant de les trouver. Cela arrive particulièrement souvent chez les chasseurs à l’arc. Ils sont souvent incapables de retrouver les animaux qui se sont échappés, et ces derniers agonisent lentement. Des estimations du nombre d’animaux retrouvés par les chasseurs utilisant des arcs ont conclu que ce sont entre 28% et 50% des animaux blessés qui ne sont jamais trouvés21.

Les animaux qui s’échappent continuent de souffrir. Des niveaux élevés d’hormones, indicateurs de dégâts musculaires et de stress psychologique, sont similaires à ceux retrouvés chez les cerfs qui se sont échappés et ceux qui ont été attrapés22.

En outre, beaucoup d’animaux qui arrivent à fuir les chasseurs meurent pour d’autres raisons. Ils peuvent se blesser en tombant pendant qu’ils essaient d’éviter les obstacles durant leur fuite en panique. Ils peuvent aussi courir vers des zones suburbaines ou des routes où ils sont tués par des voitures ou par d’autres humains.

Lorsque des animaux blessés arrivent à s’échapper, ils devront vivre leur vie avec la douleur des blessures provoquées dans leur fuite, lesquelles sont souvent chroniques. Ceux qui mourront finalement de leurs blessures peuvent passer le reste de leur vie dans l’agonie.

Cela peut prendre des semaines pour qu’un animal blessé meure. La plupart de ces animaux ne meurent pas directement de leurs blessures t mais périssent du fait qu’ils n’arrivent plus à effectuer des activités autrefois normales. D’autres meurent tout simplement de faim parce que leurs blessures les empêchent de trouver de la nourriture.

Finalement, comme dans le cas d’animaux qui craignent les prédateurs, les animaux qui ont été en contact avec des chasseurs essaient ensuite d’éviter les humains autant que possible. Parce qu’ils ont peur d’être pris en chasse, ils ne se risqueront pas à manger dans des endroits qui les laissent plus visibles et par conséquence, ils peuvent souffrir de malnutrition. Dans le domaine de l’écologie, ce phénomène est appelé « écologie de la peur » et se produit lorsque les proies ont peur des prédateurs. Cela peut également arriver avec des prédateurs humains23.

Les chiens utilisés pour la chasse

D’autres animaux pouvant souffrir de la chasse sont les chiens qui sont utilisés dans cette activité. Ils sont fréquemment séparés de leurs mères et élevés pour être vendus quand ils sont assez grands. Lorsqu’ils ne sont plus assez utiles à leur maître, ils peuvent être vendus, abandonnés ou tués, parfois en étant pendus à un arbre. Parfois, les chiens qui se perdent dans la nature pendant qu’ils chassent ne sont pas retrouvés, et leurs chances de survie sont limitées.

En outre, ils souffrent souvent de conditions climatiques extrêmement difficiles. Ils doivent endurer un froid et une chaleur extrême quand ils sont transportés dans les endroits où ils vont chasser. La chasse peut également être risquée pour eux. Il arrive que les animaux pris en chasse se défendent. Par exemple, lors des chasses aux renards, les chiens peuvent recevoir d’atroces blessures si un combat se déclare. Ils sont également parfois confondus avec la cible de la chasse et les chasseurs leur tirent dessus.


Références

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Annotations

1 U. S. Department of the Interior, Fish and Wildlife Service & U. S. Department of Commerce, U.S. Census Bureau (2002) 2001 National Survey of Fishing, Hunting, and Wildlife-Associated Recreation, Washington: U. S. Department of the Interior, Fish and Wildlife Service [consulté le 26 de février de 2013].

2 It has been estimated that in the USA up to 200 million animals are hunted every year, though that figure could be higher. See In Defense of Animals (2015) “Hunting – “the murderous business”, Hunting, In Defense of Animals [consulté le 16 de avril de 2015].

3 Seward, Z. M. (2007) “Internet hunting has got to stop – if it ever starts”, The Wall Street Journal, August 10 [consulté le 12 de avril de 2013].

4 Johnson, E. (1981) “Animal liberation versus the land ethic”, Environmental Ethics, 3, pp. 265-273. Crisp, R. (1998) “Animal liberation is not an environmental ethic: A response to Dale Jamieson”, Environmental Values, 7, pp. 476-478. Shelton, J.-A. (2004) “Killing animals that don’t fit in: Moral dimensions of habitat restoration”, Between the Species, 13 (4) [consulté le 30 de janvier de 2013].

5 Lotka, A. J. (1920) “Analytical note on certain rhythmic relations in organic systems”, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 6, pp. 410-415 [consulté le 20 de janvier de 2020]. Volterra, V. (1931) “Variations and fluctuations of the number of individuals in animal species living together”, dans Chapman, R. N. (ed.) Animal ecology: With special reference to insects, New York: McGraw-Hill. Voir par example ce Predator-prey model ou ce modèle de Predation-prey equations.

6 Young, S. M. (2006) “On the status of vermin”, Between the Species, 13 (6) [consulté le 14 de janvier de 2016].

7 Bateson, P. & Bradshaw, E. L. (1997) “Physiological effects of hunting red deer (Cervus elaphus)”, Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, 264, pp. 1707-1714 [consulté le 27 de avril de 2020].

8 Mentaberre, G.; López-Olvera, J. R.; Casas-Díaz, E.; Bach-Raich, E.; Marco, I. & Lavín, S. (2010) “Use of haloperidol and azaperone for stress control in roe deer (Capreolus capreolus) captured by means of drive-nets”, Research in Veterinary Science, 88, pp. 531-535.

9 White, P. J.; Kreeger, T. J.; Seal, U. S. & Tester, J. R. (1991) “Pathological responses of red foxes to capture in box traps”, The Journal of Wildlife Management, 55, pp. 75-80.

10 Rochlitz, I. & Broom, D. M. (2008) An update of ‘The review on the welfare of deer, foxes, mink and hares subjected to hunting by humans’, London: International Fund for Animal Welfare.

11 Bateson, P. & Bradshaw, E. L. (1997) “Physiological effects of hunting red deer (Cervus elaphus)”, op. cit.

12 Fox, N. C.; Rivers, S.; Blay, N.; Greenwood, A. G. & Wise, D. (2003) Welfare aspects of shooting foxes, London: The All Party Parliamentary Middle Way Group.

13 Broom, D. M. (1991) “Animal welfare: Concepts and measurement”, Journal of Animal Science, 69, pp. 4167-4175. Rochlitz, I. & Broom, D. M. (2008) An update of ‘The review on the welfare of deer, foxes, mink and hares subjected to hunting by humans’, op. cit.

14 Committee of Inquiry into Hunting with Dogs in England and Wales (2000) The Final Report of the Committee of Inquiry into Hunting with Dogs in England and Wales, Norwich: TSO [consulté le 16 de avril de 2013].

15 Hartup, B. K.; Kolias, G. V.; Jacobsen, M. C.; Valentine, B. A. & Kimber, K. R. (1999) “Exertional myopathy in translocated river otters from New York”, Journal of Wildlife Diseases, 35, pp. 542-547 [consulté le 16 de avril de 2020].

16 Committee of Inquiry into Hunting with Dogs in England and Wales (2000) The Final Report of the Committee of Inquiry into Hunting with Dogs in England and Wales, op. cit.

17 Rendle, M. (2006) “The impact of enclosed hare coursing on Irish hares”, BanBloodSports.com [consulté le 18 de juin de 2013].

18 Rendle, M. & Irish Hare Initiative (2006) “Stress and capture myopathy in hares”, BanBloodSports.com [consulté le 18 de juin de 2013].

19 Rendle, M. (2006) “The impact of enclosed hare coursing on Irish hares”, op. cit.

20 Reid, N.; McDonald, R. A. & Montgomery, W. I (2007) “Factors associated with hare mortality during coursing”, Animal Welfare, 16, pp. 427-434.

21 Ditchkoff, S. S.; Welch, E. R., Jr.; Lochmiller, R. L.; Masters, R. E.; Starry, W. R. & Dinkines, W. C. (1998) “Wounding rates of white-tailed deer with traditional archery equipment”, Proceedings of the Southeastern Association of Fish and Wildlife Agencies, 52, pp. 244-248. Pedersen, M. A., Berry, S. M. & Bossart, J. C. (2008) “Wounding rates of white-tailed deer with modern archery equipment”, Proceedings of the Southeastern Association of Fish and Wildlife Agencies, 62, pp. 31-34.

22 Bradshaw, E. L. & Bateson, P. (2000) “Welfare implications of culling red deer (Cervus elaphus)”, Animal Welfare, 9, pp. 3-24.

23 Horta, O. (2012 [2010]) “ Éthique de l’écologie de la peur versus paradigme antispéciste : changer les objectifs des interventions dans la nature ”, Cahiers Antispécistes, 35 [consulté le 6 février 2020].